Collèges, Lycées : Le Burn-Out gagne les chefs d'établissement
Publié le 11/02/2016
Quarante-deux pour cent des principaux et proviseurs azuréens intérrogés suivent un traitement contre le stress, selon un sondage inédit qui sera expédié au ministère
Après la grogne sur les salaires dans la fonction publique, c’est au tour des proviseurs de lycée et principaux de collège de crier leur blues. Selon un sondage réalisé sur l’académie de Nice, par Indépendance et direction (ID-FO), syndicat minoritaire des personnels de direction, plus de quatre chefs d’établissement sur dix affirment souffrir de stress, déprime, épuisement, voire de burn-out au travail. D’abord mené dans le Var, ce sondageinédita été étendu aux collèges et lycées des Alpes-Maritimes « En raison du taux de réponses, bien supérieur au nombre de nos adhérents et des résultats très inquiétants. Résultats que nous expédierons, rue de Grenelle, sur le bureau de la ministre, pointe Philippe Manzano, secrétaire académique d'ID-FO. On se doutait que les choses ne tournaient plus rond, que les personnels de direction étaient en proie à un malêtre, mais pas à ce point-là. »
Sous le ciel azuréen, le moral des chefs d'établissement est au plus bas. Stress, insomnie, irritabilité sont autant de maux révélés par ce sondage réalisé par Denis Lieto, Philippe Manzano et Nicolas Cérami, responsables du syndicat ID-FO.
(Photo Jean-Sébastien Gino-Antomarchi)
Insomnie, troubles gastriques, eczéma
Sur les 200 chefs d’établissement que compte l'académie de Nice, près de la moitié a répondu à une longue liste de questions sur les risques psychosociaux, pour cerner leur état de santé au travail. Et le bilan n’est pas bon. 30 % d’entre eux souffrent d'insomnie, 19% de problèmes gastriques, 13 % d'eczéma, psoriasis... Et près de 42 % suivent un traitement contre le stress et l’angoisse. La faute à un travail très et trop prenant. « Depuis des années, nous travaillons 60 heures par semaine, affirme Nicolas Cérami, secrétaire académie honoraire d’ID-FO. Alors que la limite, selon une directive européenne, est de 44 heures hebdomadaires, pour les cadres »
Diriger un établissementest chronophage. « Il faut gérer les équipes, les élèves, les plannings, explique Denis Lieto, principal du collège à Saint-Sauveur-sur-Tinée. Mener aussi des campagnes contre le harcèlement scolaire, pour la laicité, l'égalité des chances, et j'en passe... Tout cela en répondant aux nombreuses et diverses sollicitations de l'administration. Et si vous les ignorez, vous recevez des mails de relance...»
Tout cela se reflète dans ce sondage. 70 % des chefs d’établissementinterrogés jugent « contradictoires » ces demandes de l'Administration qu'ils doivent traiter le week-end, faute de temps. Résultat, plus de sept sur dix n’arrivent pas à séparer leurtravail de leur vie de famille.
Défiance
S’ajoute la défiance des chefs d’établissement vis-à-vis de leur hiérarchie. Quatre sur dixestiment qu'ils ne sont « pas du tout » soutenus, et près de cinq sur dix « parfois »...
En cause, les « incohérences » à gérer. « Prenez la réforme du collège, avec les classes bilingues supprimées puis réhabilitées, poursuit Philippe Manzano. Tout cela génère incompréhensions et inquiétude auprès des familles qui se retournent vers les chefs d’établissement. » S'ils avouent être souvent, seuls, en première ligne, 70 % estiment, toutefois, se réaliser dans leur travail. Dans ce sondage sur le moral en berne des chefs d’établissements azuréens, c’est la seule bonne nouvelle...
Et aussi
Taux de réponse
Balayant les facteurs destress, ce sondage a reçu, selon les questions, entre 92 et 130 réponses.
Liste de maux
36,5% des chefs d'établissement interrogés souffrent d'irritabilité. Viennent ensuite la détresse morale (24%) l'angoisse (18,2%), l'apathie (5,76%) ... 74% disent subir « régulièrement» des tensions avec le public.
Vie familiale
Pour 70%, leur vie de couple et leurs relations familiales sont impactées par le travail.
Mission impossible
71 % des chefs d'établissement estiment n'avoir pas les moyens d'atteindre leurs objectifs.
Difficiles relations
Pour 46,5 %, les sources de tension proviennent des relations avec les parents qui se sont dégradées. Viennent ensuite, (30% de réponses) des problèmes de communication avec les enseignants. En revanche, avec les élèves, le message passe...
Véronique MARS